Savoir & Faire

Extrait de How to construire en réemploi nº3 - Savoir & Faire

Savoir & Faire

La filière réemploi, dont fait partie le Parpaing, entre actuellement dans une phase de professionnalisation. Celle-ci a pour but de constituer une alternative effective et opérationnelle à la production de matériaux neufs et d’ouvrir une voie complémentaire à celle du recyclage en matière de traitement des déchets et ressources du BTP. Pour cela, les pratiques de réemploi doivent atteindre une nouvelle échelle de captation et de traitement des gisements voués à réintégrer les marchés de la construction. Ce saut d’échelle doit permettre à la filière de prendre à sa charge une plus grande diversité d’éléments et ce dans des quantités significatives. Le Parpaing est aujourd’hui doté d’une infrastructure fonctionnelle (entrepôt-atelier) qui s’appuie sur trois registres d’implication dans la filière réemploi : expertises, formations et plateforme logistique de vente. Le projet s’intègre également dans un solide réseau de partenaires notamment institutionnels, techniques et académiques et fonde sa réflexion sur six années d’expérience et de recherche sur le sujet.

Les récentes avancées législatives (PEMD, REP Bâtiment, le concours des éco-organismes au développement de la filière), et l’évolution des marchés de maîtrise d’oeuvre et de démolition, incitent les praticien.ne.s du réemploi à orienter les champs d’expérimentation vers les questions de massification. Les ressorts pour y parvenir sont multiples. Ils se situent entre une plus grande diversification des gisements captés et l’optimisation des moyens de retravail. Il convient ainsi d’ouvrir l’éventail des ressources remises sur le marché par la voie du réemploi et de doter les plateformes logistiques d’outils de production adaptés à l’échelle de captation qu’elles visent. Les leviers se situent donc autant dans une optimisation de l’ingénierie matérielle liée au retravail, que dans l’essaimage des connaissances et des savoir-faire en matière de dépose. Le projet “Savoir & Faire” porté par Zerm, poursuit cette logique et traduit ces constats en deux axes complémentaires.

Le premier axe s’attelle à la montée en compétence de la filière. Il s’agit de conforter les initiatives de dépose sélective en accompagnant la professionnalisation de ces pratiques. Si la démocratisation des diagnostics ressources est apparue dans le sillage des PEMD, la déconstruction se heurte encore à un manque de méthode et d’efficacité dans l’écriture puis la mise en place de protocoles de dépose préservant l’intégrité structurelle des éléments destinés à une valorisation réemploi. Le projet “Savoir & Faire” vise ainsi le déploiement de formations certifiantes à la dépose sélective. Cette action vise la préparation et la diffusion d’un module d’apprentissage dont la dispense se fait en condition réelle de chantier. Les formations s’adossent ainsi à des projets de réhabilitation ou de déconstruction locaux sur le modèle de chantiers école.

Le but est de répondre au défi de la massification par un premier axe pédagogique qui :
➔ permette la reconnaissance, par l’intermédiaire d’un certificat de qualification professionnelle, de pratiques marginales et pour autant essentielles à l’essor de la filière réemploi ;
➔ accompagne l’évolution des métiers de la démolition vers des pratiques vertueuses de déconstruction sélective, renouant avec les fondamentaux de la discipline ;
➔ accompagne la montée en compétence de publics en insertion dans des métiers d’avenir qui dessinent les contours d’un nouveau bassin d’emploi portée sur l’écologie et la gestion frugale des ressources ;
➔ favorise l’organisation d’une profession en corps social.

Le second volet du projet est corollaire du premier et s’intéresse à l’ingénierie matérielle nécessaire au retravail de ces ressources. La notion de massification est donc appréhendée ici par le prisme du volume de traitement des intrants. La filière réemploi ayant pour objectif d’augmenter significativement ses capacités d’absorption et de traitement des ressources dans les années à venir, il convient d’organiser la remise sur le marché d’éléments à fort tonnage dont les enjeux environnementaux ne peuvent être ignorés par la filière. Une observation récurrente à l’égard du réemploi, révèle la difficulté à dépasser les gisements patrimoniaux ou de design pour s’ouvrir à la captation de gisements plus ordinaires, donc nombreux et prépondérants sur le plan environnemental. Nous nous intéressons ainsi aux gisements minéraux et à leur retravail.

Le choix du minéral s’explique par une combinaison de facteurs, éprouvés à travers la pratique, qui relève de l’enjeu ou de l’opportunité. Parmi les enjeux clés, on recense : le défi de la filière à capter d’importants tonnages de ressources, la nécessité de démocratiser les protocoles de réemploi aux éléments courants et celui d’en structurer l’offre à travers la maîtrise des processus de retravail et l’apport d’innovations. Parmi les opportunités, on recense : la présence systématique et diffuse sur l’ensemble du territoire de ressources minérales, une offre/demande vigoureuse, l’existence de ressources minérales dont la valeur marchande permet l’expérimentation et la possibilité de recourir à de nouvelles technologies pour l’optimisation du retravail. Dans cette logique, nous travaillons à la mise en place d’un banc de retravail (équipement, savoir-faire, RH) dédié aux ressources minérales.

Le but est de répondre au défi de la massification par un axe logistique qui :
➔ accompagne l’émergence d’un pôle réemploi de référence au sujet des ressources minérales ;
➔ puisse atteindre, gisement après gisement, un tonnage conséquent de réemploi en ouvrant le panel des ressources minérales en capacité d’être traitées et remises sur le marché (revêtement de sol, pierre agrafée, moellons et pierres de voirie, marches en granito, etc.) ;
➔ rationalise le retravail et intègre plusieurs sujets d’innovation qui facilitent la prescription d’éléments de réemploi et stimulent la commande (service de découpe sur-mesure, prestations d’adaptation et de créations à la demande, etc.)